L'hydrogène renouvelable pour les aéroports  

L’Hydrogen Aviation Summit, organisé les 3 et 4 décembre 2024 par Zeroavia, développeur d’avions hydrogène-électrique, a rassemblé des experts pour explorer les premières initiatives d'intégration de l’hydrogène dans les infrastructures aéroportuaires. 

Une table ronde dédiée à la chaîne d’approvisionnement et aux projets pilotes a permis de mettre en lumière des réalisations concrètes et des perspectives prometteuses.

Des premières avancées significatives 

L’événement a permis de présenter plusieurs projets concrets qui marquent des étapes importantes dans l’intégration de hydrogène renouvelable pour les aéroports comme énergie propre. Parmi eux, le projet Hyport, mené par ENGIE sur l’aéroport de Toulouse-Blagnac (31), se distingue comme une réalisation de référence. Doté d’une unité de production d’hydrogène renouvelable pour les aéroports d’une puissance de 0,7 MW, Hyport inclut également deux stations de distribution : l’une destinée au transport public, et l’autre spécifiquement conçue pour alimenter les engins aéroportuaires tels que les tracteurs de piste ou les navettes internes. 

Ce projet démontre la faisabilité technique et économique d’une infrastructure hydrogène adaptée à l’écosystème aéroportuaire. Il s’inscrit dans une vision plus large visant à réduire drastiquement les émissions de CO₂ tout en répondant aux besoins opérationnels des aéroports. Ces avancées contribuent aussi à démontrer la complémentarité entre production locale et logistique de distribution, deux piliers essentiels pour une adoption généralisée.

Constats et orientations pour l’avenir vers un aéroport décarboné

Les discussions menées lors du sommet ont permis d’identifier plusieurs pistes pour structurer et accélérer l’adoption de l’hydrogène dans le secteur des aéroports décarbonés.

• Décarbonation impérative : un levier pour tous les usages : l’hydrogène émerge comme une solution incontournable pour atteindre les objectifs de neutralité carbone, non seulement dans les airs, avec les futurs avions à hydrogène, mais aussi au sol. L’utilisation d’hydrogène pour alimenter les équipements de piste, tels que les unités mobiles d’alimentation électrique (Ground Power Equipment), constitue une alternative prometteuse face aux contraintes techniques et financières des infrastructures électriques traditionnelles.
• Une vision à long terme pour structurer la filière : l’émergence d’une filière hydrogène renouvelable pour les aéroports robuste nécessite l’élaboration d’une feuille de route claire et partagée entre les différents acteurs de l’écosystème. Les politiques publiques jouent ici un rôle essentiel, à la fois pour favoriser l’investissement privé et pour garantir un cadre réglementaire stable. Des incitations financières, sous forme de subventions ou de mécanismes fiscaux, pourraient accélérer les premières implantations et assurer leur pérennité.
• Approche graduelle : tester avant d’élargir : l’adoption généralisée de l’hydrogène renouvelable pour les aéroports devra s’appuyer sur des phases successives de test et de validation. Les experts ont insisté sur l’importance des projets pilotes, comme ceux présentés lors du sommet, pour lever les freins technologiques et économiques. Ces initiatives permettent de recueillir des données précieuses, d’ajuster les modèles et de bâtir des cas d’usage reproductibles à plus grande échelle.
• Des écosystèmes collaboratifs pour maximiser l’impact : la transition hydrogène ne peut se faire en vase clos. Les échanges ont souligné l’importance de favoriser des synergies entre plusieurs secteurs clés, notamment la mobilité lourde (camions et bus), le transport maritime, le ferroviaire et l’industrie lourde. Cette approche permettrait de mutualiser les infrastructures, d’optimiser les chaînes d’approvisionnement et de réduire les coûts unitaires.