La thalassothermie surfe sur la vague de la décarbonation

Située au cœur du Port de Marseille, la centrale de thalassothermie se distingue par son caractère innovant et son efficacité énergétique. Alimentant en énergie les bâtiments sur le périmètre d’Euroméditerranée (Terrasses du Port, la tour La Marseillaise, la tour CMA-CGM), cette installation répond aux objectifs d’Euroméditerranée et de la Ville de Marseille d’accélérer sa transition énergétique.

Bien que le concept de thalassothermie ne soit pas nouveau – la principauté de Monaco l'utilise depuis les années 1960 – Thassalia innove en produisant simultanément du chaud et du froid. Une première ! Concrètement, la thalassothermie exploite la différence de température entre l’eau de surface et l’eau plus profonde. L’eau de mer est pompée, filtrée puis acheminée grâce à un système sophistiqué de canalisations en résine pour éviter la corrosion. A l’intérieur de la centrale, des pompes à chaleur, des échangeurs et des thermo-frigo pompes vont récupérer l’énergie de l’eau de mer et produire – selon les besoins - soit du chaud (eau de ville à 60°C) soit du froid (5°C). L’énergie est ensuite distribuée vers les bâtiments par l’intermédiaire d’échangeurs. Par retour d’expérience, on sait qu’un bâtiment de bureau qui va se raccorder sur Thassalia économise en moyenne 20 à 50 % de sa consommation d’électricité. Par ailleurs, cette installation permet de délivrer des énergies avec un taux d’énergie renouvelable supérieur à 80 %. Pour répondre aux objectifs ambitieux de Marseille en matière de neutralité carbone d'ici 2030, une nouvelle centrale de thalassothermie est à l’étude sur le Vieux Port.

La mise en place d'une centrale de thalassothermie requiert plusieurs conditions. Tout d'abord, une géographie adaptée est essentielle pour pouvoir puiser facilement l’eau de mer, d’un lac ou celle d’une rivière. Ensuite il faut bien caractériser les besoins en chaud et froid du secteur qui va être alimenté par le réseau. La capacité à produire simultanément du chaud et du froid représente un réel avantage, particulièrement dans le contexte actuel de changement climatique, avec des pics caniculaires de plus en plus nombreux. C’est un point majeur à prendre en compte, d’autant que l’ADEME et les pouvoirs publics soutiennent le développement des réseaux urbains, afin de permettre aux collectivités d’accélérer leur transition énergétique.

Comparée à l’éolien ou au photovoltaïque, la thalassothermie offre l'avantage de ne pas être une énergie intermittente : elle peut produire du chaud ou du froid, 365 jours par an, été comme hiver. Et ce, à un coût maîtrisé pour les usagers.

De plus, cette énergie locale, renouvelable et inépuisable, n'a que peu d'impact sur l’écosystème marin : après usage, l’eau de mer est rejetée à la mer à une température avec un delta maximum de 5°C. 

Autre avantage : les solutions autonomes pour la production de froid fonctionnent à l’aide de fluides frigorigènes, qui peuvent potentiellement être nocifs pour l’environnement. Le raccordement à un réseau urbain vertueux permet aux clients de s’affranchir de cette problématique.

Dernier point : la possibilité de transférer l’énergie produite en chauffage ou climatisation est une avancée majeure pour atteindre les objectifs de transition énergétique tout en réduisant la dépendance aux énergies fossiles. Pour soutenir ces ambitions de décarbonation, la thalassothermie bénéficie de diverses subventions. Parmi ces aides, les Certificats d'Economie d'Energie que l’on peut désormais coupler au Fonds Chaleur de l’ADEME. De plus, dans le cadre du décret éco énergie tertiaire, le raccordement à un réseau vertueux permet au bâtiment d’atteindre plus facilement les objectifs fixés par l’état.

Le principal obstacle à l’implantation de centrales de thalassothermie est la disponibilité du foncier. Il faut un accès direct à la mer pour connecter facilement les bâtiments à la centrale de production. Mis à part ce point, la thalassothermie présente des avantages par rapport à d’autres sources d’énergie, notamment en hyper-centre comme à Marseille, où l’installation d’une centrale biomasse nécessitant des passages fréquents de camions serait très difficile à mettre en œuvre.

Les champs d'innovation pour la thalassothermie incluent l'amélioration technique des machines pour réduire leur consommation d’énergie primaire et augmenter leur rendement. Une autre voie prometteuse est le couplage de la thalassothermie avec d’autres énergies renouvelables, comme le photovoltaïque, pour atteindre une production énergétique totalement décarbonée.