- Santé
- Tertiaire
- CPE
- Économies d'énergies (consommer moins)
- Energies vertes (consommer mieux)
Chauffage, production d’eau chaude sanitaire, traitement de la qualité de l’air, climatisation, blanchisserie, consommation énergétique des plateaux techniques d’imagerie ou de blocs opératoires, restauration, hébergement..., les établissements de santé tels que les hôpitaux, ESPIC et cliniques et les établissements de l’autonomie pour l’accompagenement des personnes âgées dépendantes (EHPAD) et des personnes en situation de handicap (IME, ESAT, MAS, foyers…) consomment de l’énergie. Beaucoup d’énergie même, puisqu’ils fonctionnent 365 jours par an, 24h/24, 7j/7.
Energivores et consommateurs de ressources, le secteur de la Santé et de l'autonomie affichent à eux seuls une empreinte carbone assez élevée1 :
- 49 millions de tonnes CO₂
- 8 % de l’empreinte carbone de la France
Portée par les professionnels d’un secteur qui couvre 9 % de l’emploi, et représente 12 % du PIB français avec ses dépenses de santé, la question énergétique s’est invitée au premier plan des priorités du secteur face au coût dans les budgets des établissements, et à l’urgence environnementale. La prise de conscience s’est accélérée au sein de la communauté au sein des soignants et des gestionnaires pour faire de cette question un sujet central.
Du côté des pouvoirs publics, France Nation Verte2 a élaboré et publié en 2023 une feuille de route pour la planification écologique en santé : la rénovation et la transformation énergétique des établissements de la santé et de l’autonomie sont présentés comme objectif prioritaire sur la voie de la décarbonation et de la sobriété. Les enjeux sont colossaux et nécessitent des investissements et des projets d’envergure pour tendre vers du bas carbone.
On y retrouve la mise en avant de leviers telle que :
La mise en place de Contrats de Performance Énergétique (CPE) pour soutenir la réalisation de travaux énergétiques au sein des établissements du secteur,
La promotion de bonnes pratiques de performance et de sobriété énergétique dédiées à l'application du décret éco-énergie tertiaire,
La recherche de solutions hybrides pour répondre aux besoins en énergie en lien avec la rénovation des bâtiments.
Une feuille de route écologique du système de santé
La feuille de route est ambitieuse puisqu’il s’agit, outre d’atteindre les objectifs du Décret éco-énergie tertiaire issu de la loi ELAN3 en réduisant de 40 % leurs consommations d’énergie d’ici à 2030, de dessiner une trajectoire de décarbonation ambitieuse tout en trouvant des solutions économiquement soutenables dans la durée.
La modernisation du parc immobilier et la performance énergétique constituent donc l’une des priorités du programme gouvernemental notamment via France Relance ou le Ségur de la Santé4. Ces investissements, qui visent avant tout à améliorer l’accès aux soins à tous, sont l’occasion de réinvestir dans notre système de santé mais demandent un vrai changement de paradigme pour concilier qualité des soins, confort et performance énergétique.
C’est d’autant plus vrai que le parc des établissements de santé et de l’autonomie présente une grande diversité de typologies et d’usages : des CHU aux cliniques privées en passant par les CLCC dans le secteur sanitaire qui sont au nombre de 3 000 ou des EHPAD et les établissements accompagnant les enfants ou adultes en situation de handicap qui représentent 75 millions de m² de bâtiments. Si certains bâtiments sont de constructions récentes, d’autres ne répondent plus aux normes actuelles, avec une mauvaise isolation du bâti et des équipements très énergivores souvent alimentés par des sources d’énergie d’origine fossile en particulier le fioul et le gaz.
La Santé : Une transition inéluctable face à un impératif économique…
Avec des factures énergétiques multipliées par 4 ou 5 ces dernières années et une baisse attendue d’au moins la moitié des émissions de CO2 d’ici 15 ans, les établissements sanitaires et médico-sociaux se retrouvent face à un impératif économique et environnemental sans précédent. Il s’agit tout à la fois de maintenir leur efficience opérationnelle, tout en réduisant leur empreinte carbone et leur budget énergétique. Pas simple, car les établissements de santé doivent être opérationnels 24h/24, 7J/7 - sans discontinuité de service y compris lors de travaux – pour assurer le confort des patients, des usagers et des professionnels. Des efforts doivent être notamment engagés sur le chauffage et la climatisation, deux postes particulièrement énergivores.
… et une législation incitative !
Coincés entre le marteau environnemental et l’enclume énergétique, les établissements de santé sont également confrontés à une série de mesures réglementaires, visant à accélérer leur transition énergétique et environnementale. Dans le cadre de la loi Elan, le Décret éco-énergie tertiaire s’applique à tous les établissements disposant de plus de 1 000 m² en surface plancher. Ce Décret fixe des objectifs de réduction des consommations d’énergie, exigeant une baisse de 40 % d’ici 2030, puis de 50 % en 2040 et enfin de 60 % d’ici 2050. En parallèle, les établissements sont tenus de déclarer leurs consommations énergétiques et de documenter leurs initiatives visant à les réduire.
Simultanément, le Décret BACS (Building Automation & Control Systems) rend désormais obligatoire l’implémentation de systèmes de management de l’énergie, incluant une gestion centralisée et intelligente des équipements énergétiques qui contribueront à la réduction des consommations énergétiques.
Ces nouvelles contraintes réglementaires représentent autant d’opportunité à saisir pour réduire la consommation énergétique des établissements de santé et de l’autonomie et favoriser leur durabilité. Elles visent également à minimiser leur empreinte environnementale tout en assurant des espaces sains tant pour les patients accueillis, les usagers accompagnés que pour les professionnels de santé y œuvrant au quotidien.
Quelles actions énergétiques pour le secteur de la Santé ?
Mener des actions de performance énergétique pour...
... le confort et la qualité d’usage
Il va de soi que les établissements de santé et de l’autonomie doivent offrir un cadre accueillant, sain, propice à la guérison et au confort, ce qui implique de veiller à maintenir des conditions de température, d’humidité et de qualité de l’air optimales.
De nombreuses recherches mettent en avant que les patients se rétablissement plus rapidement dans des conditions de confort et de qualité d’accueil adaptées (une température d’environ 23°C, maintien de la qualité de l’air…). Le confort thermique jouerait donc un rôle dans le processus de guérison. Ainsi, une optimisation énergétique bien pensée doit maintenir des normes de confort idéales, tout en réduisant les consommations d’énergie grâce à un mix énergétique fondé sur les énergies renouvelables et de récupération.
Un autre point primordial est la qualité de l’air intérieur afin de garantir la sécurité sanitaire des patients, des usagers et du personnel. En effet, des systèmes de ventilation inefficaces ou mal entretenus peuvent propager des polluants ou contaminants, augmentant ainsi le risque infectieux.
La mise en place de centrale de traitement d’air avec des systèmes de ventilation efficaces, équipés de filtres et de traitements anti-pathogènes, est donc indispensable pour assurer un environnement sain et sécurisé.
... l'efficacité énergétique
Avec des bâtiments opérationnels 24h/24h, été comme hiver, les établissements de santé et de l’autonomie sont soumis à une forte « pression énergétique ». Selon le cabinet spécialisé dans le secteur de la santé Primum Non Nocere, le chauffage représenterait environ 50 à 60 % des consommations d’énergie suivi par les blanchisseries, les cuisines, les équipements de pointe (scanner, IRM etc) et la production d’eau chaude sanitaire. Une analyse minutieuse des différents flux, combinée à une réflexion sur les usages et les pratiques permettrait de réduire significativement les consommations.
Une rénovation énergétique réussie tient compte aussi d’un mix énergétique plus vertueux, intégrant des solutions durables, telles que l’utilisation d’énergies renouvelables (photovoltaïque, biomasse, géothermie…), afin de réaliser des économies à long terme. La récupération de la chaleur fatale peut-être également une bonne option pour s’engager dans la décarbonation des pratiques.
C’est le cas par exemple de l’hôpital Hautepierre à Strasbourg qui récupère la chaleur produite lors du refroidissement des équipements biomédicaux pour préchauffer l’eau chaude sanitaire du CHU. Dans un deuxième temps, elle viendra alimenter un réseau de chaleur qui dessert les habitations aux alentours.
... la rénovation du bâti
Penser efficacité énergétique, c’est bien. Mais rénover le bâti, c’est encore mieux, surtout si l’établissement est ancien !
Comme l’exprime Virginie Magnant, Directrice de la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA5) : « Il ne s’agit pas de repeindre les établissements, mais bien de transformer en profondeur la qualité de vie et de travail ».
La rénovation du bâti, concernera donc l’isolation thermique, en premier lieu. Objectif : limiter les déperditions de chaleur en hiver et en maintenir une température agréable en été.
Il peut être également judicieux d’équiper les bâtiments de fenêtres à contrôle solaire et à isolation renforcée, car les huisseries représentent une source de déperdition de chaleur d’environ 15 %. Les projets de rénovation devront également prendre en compte le risque épidémique. Cela suppose notamment d’installer des systèmes de ventilation performants.
« Dans le secteur de la santé, il y a tout un travail de sensibilisation à mener autour de la rénovation énergétique »
Pour Julien Marcelle, Directeur Marché Santé chez ENGIE Solutions, la rénovation énergétique des établissements de santé et de l’autonomie n’est pas une affaire de « si » mais de « quand ». Plus tôt le secteur s’empare de cet enjeu, plus vite il gagnera en efficience opérationnelle. Avec à la clé, des économies substantielles sur la facture énergétique et une feuille de route décarbonée pour répondre aux enjeux législatifs, économiques et sociétaux du secteur.
La sobriété énergétique, aussi un enjeu pour la Santé et l’autonomie
Il est important de rappeler que le fonctionnement des établissements de santé et de l’autonomie compte pour plus des 3/4 des 49 millions de tonnes d’émissions de CO2 du secteur :
- 38% provenant des établissements hospitaliers publics et privés,
- 38% provenant des établissements accompagnant les personnes âgées ou en situation de handicap.
Comment les établissements de santé et de l'automonie peuvent parvenir à une sobriété énergétique ?
Voici quelques pistes d'actions de sobriété énergétique :
Le défi principal de la Santé ? Le financement !
Pour soutenir la rénovation énergétique, il existe aujourd’hui une panoplie de dispositifs financiers pour encourager les établissements de santé à s’engager dans l’efficacité énergétique. Dès 2023, et pour la première fois, dans le cadre des 200 millions d’euros dédiés aux investissements du quotidien du Ségur de la santé, des crédits ont été alloués à des actions d’efficacité énergétique dans le secteur sanitaire et médico-social. De nombreuses autres aides sont disponibles pour venir en soutien aux établissements de santé et de l’autonomie, dans le développement de leurs projets pour une transition énergétique efficace et adaptée notamment auprès de la Banque des Territoires (CDC), du programme ACTEE ou du Fonds Vert, disponible pour certains établissements relevant de la fonction publique. Et bien sûr les dispositifs des CEE et du Fonds Chaleur.
En bref, 3 piliers pour la réussite de la transition énergétique de la Santé
Il est évident que pour mener à bien leur transition énergétique, les établissements du secteur de la santé et de l’autonomie doivent adopter une approche holistique (combinant les aspects humains, techniques et financiers). Cette démarche globale est essentielle pour garantir une efficacité optimale dans la mise en œuvre des changements nécessaires. Voici comment cette approche peut être développée :
Humanité :
Placer l’humain au cœur de la transition énergétique est primordial. Les professionnels de la santé et les patients doivent être sensibilisés aux enjeux environnementaux et encouragés à adopter des pratiques plus durables. Par exemple, former le personnel médical à la gestion énergétique et à l’utilisation responsable des ressources peut avoir un impact significatif.
Technologie :
L’intégration de solutions technologiques innovantes est essentielle. Les établissements de santé peuvent investir dans des systèmes de gestion intelligents pour surveiller et optimiser la consommation d’énergie. L’utilisation de capteurs, d’automatisation et de l’intelligence artificielle peut contribuer à réduire les gaspillages et à améliorer l’efficacité énergétique.
Finance :
La transition énergétique nécessite des investissements. Les établissements doivent élaborer des stratégies financières solides pour financer les projets d’efficacité énergétique. Cela peut inclure des partenariats public/privé, des subventions gouvernementales ou des fonds dédiés. De plus, les avantages financiers à long terme, tels que les économies sur les coûts énergétiques, doivent être mis en avant pour encourager l’engagement.
En somme, une approche globale, combinant l’humain, la technologie et les finances, est la clé pour réussir la transition énergétique dans le secteur de la santé et de l’autonomie. Elle permettra de créer un environnement durable, bénéfique à la fois pour les patients, les usagers, les professionnels et la planète.
L'expertise Santé d'ENGIE Solutions
ENGIE Solutions accompagne les établissements de santé et de l'autonomie dans la mise en place de solutions de performances énergétique, économique et environnementale, tout en s'engageant pour le confort et la sécurité des patients, usagers et du personnel.
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Des expériences inspirantes
Nos sources et liens de références :
1Selon le rapport du Shift Project publié en 2023 : https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2023/04/180423-TSP-PTEF-Rapport-final-Sante_v2.pdf
2France Nation Verte : https://www.info.gouv.fr/france-nation-verte
3La loi ELAN : https://www.club-plui.logement.gouv.fr/IMG/pdf/presentation_de_la_loi_elan_dossier_de_presse_17_pages_cle5dcf1f.pdf
4Ségur de la Santé : https://www.gouvernement.fr/actualite/segur-de-la-sante-19-milliards-d-euros-pour-relancer-les-investissements
5CNSA : https://www.cnsa.fr/
6Selon le rapport du Shift Project publié en avril 2024 : https://theshiftproject.org/article/decarbonons-autonomie-shift-rapport…